MIKE ZITO: First Class Life (2018)
Chaque année, c’est la même chose ! Tandis que certains attendent impatiemment le retour du printemps, d’autres guettent fébrilement la sortie d’un nouvel album de Mike Zito et ils ont bien raison. Encore une fois, la guitare est à l’honneur avec cette production qui met la barre très haut. Dès le début, ça commence fort avec un boogie-rock endiablé dominé par une belle slide qui se lâche sur un solo brûlant (« Mississippi nights »). Juste après, « First class life » nous entraîne dans une ambiance southern rock des seventies avec un brin d’Elvin Bishop. Le break mélodique est sacrément bien trouvé et la slide se révèle sudiste à souhait. Le beau morceau « I wouldn’t treat a dog (the way you treat me) » laisse entrevoir une pointe de musique californienne (dans le style de Coco Montoya) avec une guitare qui refile des frissons. Un énorme feeling se dégage du slow bluesy « The world we live in » (comparable au “Wrong to cry” joué par Point Blank). La tension monte soudain d’un cran avec la participation de Bernard Allison sur “Mama don’t like no wah wah”. Les deux guitaristes rivalisent de maîtrise et d’inspiration sur ce titre syncopé et funky qui bénéficie d’une mise en place impeccable sur les breaks de fin de refrains. « Old black graveyard » nous raconte l’histoire d’un cimetière hanté. Ce lent « swamp blues » poisseux et hypnotique est porté par une slide envoûtante. Ensuite, Mister Mike envoie un Texas blues rythmé et efficace avec un solo digne du Lone Star State (« Dying day ») puis continue avec un rythm n’ blues funky au solo bien balancé (« Back problems »). « Time for a change » oscille entre rock FM et pop avec un refrain qui se retient bien. Bon, on sent le calibrage pour passage en radio mais cette chanson n’en reste pas moins très agréable à écouter. En plus, le solo se teinte d’une légère coloration sudiste. Le blues lent n’est pas oublié avec « Damn shame ». Le vibrant solo de six-cordes prouve que Mike Zito est bien l’un des maîtres du blues actuel. L’album se termine sur « Trying to make a living », un bon rock n’ roll avec un solo de piano et un solo de guitare mêlant habilement Chuck Berry et Freddie King. Au final, cet excellent disque ne souffre d’aucun remplissage et ne propose que des bons morceaux. Un grand bravo à Mike Zito pour ce superbe travail ! Keep on playing, Mike !
Olivier Aubry
Déjà le quinzième album de Mike Zito, qui depuis son départ de Royal Southern Brotherhood, poursuit sa carrière solo entamée voici déjà presque vingt ans son premier album étant America's Most Wanted paru en 2000. Après sa brillante participation à RSB, Mike a formé The Wheel, mais l’éloignement géographique du superbe saxophoniste Jimmy Carpenter a mis un terme à cette expérience (Jimmy a déménagé à las Vegas ce qui est quand même loin du Texas pour les répétitions !) Actuellement Mike tourne avec The Blues Caravan Tour en compagnie de Bernard Allison et Vanja Sky. A noter que notre ami est également devenu un producteur demandé (Samantha Fish, Danielle Nicole, Vanja Sky…° La chanson titre « First Class Life» raconte son parcours personnel, et sa dépendance à l’alcool et à la drogue, puis sa guérison et comme il l’explique, il entend profiter de cette seconde chance "J'ai grandi pauvre à St. Louis, et maintenant je voyage dans le monde entier pour chanter mes chansons." Le mot blues est tatoué sur sa main, aussi le blues imprègne complètement cet album. Quelquefois costaud avec "Time For A Change", puis avec un vibrant hommage à B.B.King dans le superbe "The World We Live In" où il reprend le célèbre vibrato du King. Il évoque son amour pour sa femme dans "Dying Day" et "Old Black Graveyard" parle des tombes des anciens bluesmen où parfois la nuit il se passe d’étranges choses, des fantômes…..On retrouve Bernard Allison qui a co-écrit « Mama Do not Like No Wah Wah, ». Allison s’est inspiré de son expérience avec Koko Taylor, qui n’aimait pas les effets spéciaux à la guitare. Pourtant Bernard a tenté le coup et Koko l’a stoppé en déclarant : «Maman n'aime pas la wah wah, c'est une chanson pour moi! ". Ici, Allison se venge en faisant parler sa wah-wah comme pour évacuer une frustration (c’est vrai qu’il use et parfois abuse de cet effet, Koko n’avait pas vraiment tort sur ce coup)."Mississippi Nights",qui ouvre le CD, puise son inspiration chez les figures tutélaires du blues, Muddy Waters, Howlin 'Wolf, Robert Johnson, c’est le genre de chanson qu’on écoute dans un juke-joint un samedi soir là où cette musique prend toute sa puissance, sa force, son émotion.Et cette superbe reprise “I Wouldn’t Treat a Dog (The Way You Treated Me).”du Bobby "Blue" Bland avec une guitare extraordinaire nous ramène encore aux grandes heures du blues des origines.On peut encore évoquer le piano honky-tonk de “Trying to Make a Living.” ou "Damn Damn Shame" et cette chaleur moite après des heures passées dans un club enfumé.Pourquoi le cacher, j’adore Mike Zito, son jeu de guitare très blues, avec un emploi subtil de la slide, sa façon de jouer ses riffs sans médiator et de proposer des solos toujours inventifs, sans aligner des tas de notes inutiles.
Michel Bertelle